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Publié par Jean-Guy Lecat

    La mise en scène = le dessin d’une action dramatique. L’ensemble des mouvements, des gestes, et des attitudes ; l’accord des physionomies, des voix et des silences, c’est la totalité du spectacle scénique, émanant d’une pensée unique qui le conçoit, le règle et l’harmonise.

A la mise en scène qui a trait aux décors et aux accessoires nous ne voulons pas accorder d’importance.

A l’heure actuelle les artistes du théâtre en Europe se rencontrent sur un point : condamnation du décor réaliste qui tend à donner l’illusion des choses mêmes, exaltation d’un décor schématique ou synthétique qui vise à les suggérer.

………..Or il faut l’avouer, les idées des maîtres (Meyerhold, Stanislavski, Nemirovich-Dantchenko ; x Reinhardt, Littmann, Fuchs, Erler en Allemagne ; Gordon Graig, Granville Barker en Angleterre.) ne sont pas toujours sans nous choquer par quelques lourdeur pédantesque. Nous y relevons certain parti pris de simplisme qui ne va pas toujours avec la vraie simplicité, et surtout une tendance à souligner dans un ouvrage, à grossir par des moyens matériels souvent naïf les intentions du poète. Le spectateur cultivé aime à les découvrir, à les surprendre par une approche plus subtile. Il est à craindre que de tels procédés en s’ajoutant au drame, qu’une telle et si constante recherche de l’effet – toujours défaillante – ne favorisent progressivement une production dramatique tout artificielle, grossière et presque barbare.

……………Se passionner pour des inventions d’ingénieur ou d’électriciens, c’est toujours accorder à la toile, au carton peint, à la disposition des lumières, une place usurpée ; c’est toujours donner, sous une forme quelconque, dans les trucs.  ……Bonne ou mauvaise nous entendons nier l’importance de la machinerie. On pourra trouver suspecte cette déclaration de principe. …….Car nous avons la conviction profonde qu’il est désastreux pour l’art dramatique de lui ménager un grand nombre de complicités extérieures. Elles favorise la facilité, le pittoresque, et font verser le drame dans la féerie. Nous ne croyons pas que pour « représenter l’homme tout entier dans sa vie », il soit besoin d’un théâtre « ou les décors puissent surgir par en bas et les changements être instantanés », ni qu’enfin l’avenir de notre art soit lié à une question de machinisme. Il ne faut pas confondre les conventions scéniques avec les conventions dramatiques. Détruire les unes, ce n’est pas s’affranchir des autres. Bien au contraire ! Les servitudes de la scène et son grossier artifice agirons sur nous à la façon d’une discipline en nous forçant à concentrer toute vérité dans les sentiments et les actions de nos personnages. Que les autres prestiges s’évanouissent, et, pour l’œuvre nouvelle, qu’on nous laisse un tréteau nu ! 

 

 

 Jacques Copeau

* Dans registres 1, appels

 

 

 

 

 

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