Workshop project - Pol Pelletier and Jean-Guy Lecat
ATELIER SUR L’ÉVEIL A L’ESPACE
Présentation: « Le théâtre c’est la vie en plus concentré ». Assister à une représentation théâtrale, c’est assister à une tentative de représentation de la vie, de la percevoir dans ce qu’elle a de plus intense et rendre présent d’une manière concrète et poétique le milieu dans lequel elle se déroule. Cette représentation nécessite un espace. Quelles dimensions donner à cette espace ? Espace de liberté, espace de la parole et du regard partagés. Un espace et une technique trop présente ou inadapté ne suspendent-ils pas l’exercice de la pensée
« Ce qui favorise la concentration est juste, ce qui la gêne ne l’est pas » P. Brook. Au théâtre, l’espace doit être source d’énergie, un creuset actif propice à l’imagination. A une époque où le lieu traditionnel du travail théâtrale est de moins en moins souvent adapté. Quel espace peut aujourd’hui favoriser une relation juste entre le public et les acteurs ; une rencontre avec le spectacle, pour en tirer plaisir et enseignement ? On a longtemps opposé le « Théâtre Elisabéthain » au « Théâtre à l’Italienne » ce dernier supposé plus abouti avec toute sa machinerie. Pourtant la scène Elisabéthaine est une forme juste pour un théâtre plus libre. « Le théâtre Elisabéthain c’est un plongeon dans la mer, en plongeant, on se mêle aux courants opposés de la vie » P. Brook. Comment aujourd’hui retrouver cette forme dans les espaces existants de nos sociétés modernes ?
Bien que l’architecture enracine l’homme dans l’espace et le temps, l’architecture de théâtre reste une présence vivante, tant qu’elle reste soumise à de continuelles modifications. Sinon elle devient très vite une carcasse vide, morte, un monument historique très éloigné de sa vocation initiale : qui était d’être un outil. L’ensemble de l’espace théâtrale aujourd’hui est concerné par une nouvelle liberté, un nouveau champ de mouvement, débarrassé des conventions artistiques et des schémas techniques faisant obstacle à sa révélation. Appartient-il aux personnes qui occupent l’espace, qui lui donnent vie et l’utilisent, de comprendre et de développer leur propre espace ? Dans ce contexte en continuel mouvement, quelle est la place de l’architecte ?
Les gens de théâtre effectuent en permanence un travail de recherche, un travail d’invention qui inscrit ce travail dans l’avenir, même s’ils ne connaissent pas les limites de cet avenir. Les architectes, les décorateurs et les techniciens de théâtre sont partagés dans leur travail de création, entre leur savoir et l’inconnu de cette aventure toujours renouvelée. Comment dans tous les domaines techniques, prendre les risques nécessaires à la créativité, sans mettre en danger le spectacle entrain de naître ?
Jean-Guy lecat
“Over the years we have worked together, Jean-Guy Lecat has developed a true and rare speciality - adapting and transforming of spaces to make theatrical events find their richest life. Today, he is in the position of sharing this knowledge with other practitioners. His workshops are the forums which make this possible” Peter Brook
Travail sur la présence selon la méthode de Pol Pelletier, mise au point au Dojo pour acteurs. Il s’agit de passer de son état normal à un état d’éveil par le biais d’exercices qui aiguisent la sensibilité et la conscience. Ces exercices ne sont pas exclusivement réservés aux acteurs, ils s’adressent à tous les artistes. Cette partie du travail à pour but d’accroître la présence, d’enrichir la compréhension et la complicité entre les différents artisanes et artisans d’une production. Initiation aux sept lois de la transformation avec insistance sur la loi du lien qui permet de comprendre la relation entre l’acteur et l’espace. Pol Pelletier considère qu’à cause de l’importance de la psychologie dans la formation de l’acteur, la sensibilité à l’espace est généralement insuffisamment développée.
Initiation à des pratiques de nettoyage de soi et de nettoyage des lieux où l’on joue pour accroître leur résonance.
Initiation au travail réalisé à partir du cœur. Réflexion autour des concepts d’art subjectif et d’art objectif.
Interrogation sur le sacré : qu’est-ce qu’un lieu ou un espace sacré ? Peut-on transformer un à priori « non sacré » en espace sacré ? Comment ?
Pol Pelletier
Cette idée d’atelier permettant de réunir de jeunes professionnels, environs 40/50, pour moitié : metteurs en scène et acteurs et pour une autre moitié : architectes, décorateurs/scénographes et éclairagistes autour d’un projet nous est venue après avoir constaté que beaucoup de lieux dégageaient une cohérence, une force et une vie que nous ne retrouvions pas dans la plus part des théâtres modernes. L’architecture ne peut s’affirmer avec force que lorsque qu’elle répond à un projet clair, une usine, un hangar, une église, une ferme, ont des volumes et des formes qui correspondent à leur destination et à leur fonction, dans le passé les théâtres étaient construits de même, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le théâtre est par essence un travail de groupe et de plus il nécessite du public, ce qui le distingue des autres formes d’art par cet aspect fonctionnel. En cela sans un minimum d’humilité le travail peut devenir conflictuel. Qui a raison ? Quelles idées retenir ? En fonction de quels critères ?
« Tout ce qui est jeu tourne autour d’un mystère : ce qui est juste et ce qui ne l’est pas » Pour mettre en application cette phrase de Peter Brook nous pensé que la seule façon de faire était justement de « faire » et ensuite seulement de reconnaître et de discuter.
Développement:Atelier de 10 jours :
Dans la première partie de l’atelier, de 10 heures à 13 heures tout le monde participe au travail de Pol Pelletier.De 14 à 17 heures visites de théâtres, ou d’espaces avec Jean-Guy Lecat, un ou deux par après midi.
De 17 à 18 heures synthèses des travaux et travail par groupes sur le choix d’un texte en préparation de la seconde partie de l’atelier. Chaque groupe a sa disposition des articles de journaux pour choisir une histoire. Premières difficultés : se mettre d’accord sur un sujet d’actualité.
Quelques idées d’espaces à visiter un ou deux par jour:
Théâtre du Nouveau Monde, Espace Go, Théâtre d’aujourd’hui, Théâtre National (rue St Catherine), d’autres lieux : cabarets, église (une) Théâtre des variétés (aujourd’hui La Tulipe), La licorne, Salle Fred Barry, Théâtre Denise Pelletier…………..
Seconde partie de l’atelier :
L’ensemble des participants divisés en 4/5 groupes a quatre jours pour écrire et présenter un spectacle d’environ 30 minutes. Les travaux devant être présentés l’après midi du quatrième jour. Le matériel est composé : d’un rouleau de papier quelques bambous ou baguettes de bois, de la peinture et en commun avec les autres groupes une caméra vidéo, un projecteur vidéo ou un projecteur diapo, une petite sono, et quelques projecteurs. Chaque groupe doit explorer les espaces de l’usine C et choisir la partie supposée être la plus appropriée pour raconter leur histoire. Il doit aussi découvrir ce que l’espace peut apporter et déjouer les pièges tendus par l’architecture. L’équipe chargée de l’espace a sa disposition un rouleau d’environ 100 mètres de papier blanc ou de papier kraft lui permettant de limiter, décorer ou transformer l’espace. La limitation du temps et du matériel obligeant chaque groupe à penser vite et utile, la vidéo est là aussi comme une tentation, dans une société gorgée d’image. Or la vidéo sur scène à des limites et cet atelier doit aussi permettre d’explorer ce nouvel espace.
Chaque groupe se sous divise ainsi :
- Une équipe pour écrire le spectacle,
- Une équipe pour organiser la présentation (mise en scène),
- Une équipé pour choisir et transformer l’espace
- Une équipe pour éventuellement enrichir le propos avec des images, du son ou de la lumière,
- Une équipe pour jouer,
Toutes les équipes se retrouvent deux fois par jour pour échanger leurs idées et faire avancer mutuellement les idées des autres équipes dans un même groupe. Cet exercice met le doigt sur une des difficultés majeures au théâtre : pour qu’un groupe avance dans son projet tous les membres doivent avancer dans la même direction.
Ici le groupe est a priori sans leader et sans méthode, chacun et là avec sa pudeur, ses inquiétudes et sa peur, les échanges au sein du groupe vont insensiblement définir sa personnalité. Pour ne pas perdre de temps une règle est retenue : toute idée, toute image ou tout décor ne sera retenu qu’en fonction de la place qu’il occupera ensuite dans le projet global pour l’enrichir, en sachant que plus on montre moins l’imaginaire du public est sollicité.
Travailler ensemble et écouter, aider les autres à franchir certains seuils et à ne pas s’immobiliser pour échapper aux choses. C’est un des aspects de ce travail que de mettre en lumière les vertus et la richesse du travail partagé, de la parole dans sa pleine énergie et sa signification, ainsi que l’enrichissement mutuel qui donne au théâtre un sens plus grand et plus intense. L’idée est aussi de montrer qu’une histoire ne se raconte pas seulement avec des mots mais aussi avec l’espace, l’acoustique et la lumière, Rien ne doit être là pour rien, ou même les murs ont finalement un rôle à jouer, et aussi comment à notre époque rendre visible l’invisible, de façon à impliquer dans le projet les architectes.
Quelques personnes sont invitées à suivre les différents spectacles et à partager un pique-nique de fin de stage.